Post-mémoire et réécriture de l’Histoire dans Mémorial de Cécile Wajsbrot

Document Type : Original Article

Author

Maître-assistant, Faculté des Langues Université de Sohag

Abstract

         Étant un terme récent, inventé par Marianne Hirsch en 1977, la « post-mémoire[i] » désigne un nouveau type de mémoire propre à une génération qui n’a pas connu la Shoah et qui éprouve cependant un désir fort d’en parler, ce qui s’oppose à la mémoire de témoins oculaires, c’est-à-dire les personnes qui ont vécu l’évènement historique. Malgré la distance temporelle qui les sépare de l’Holocauste et ses atrocités, ils parlent au nom de ceux qui ont péri dans les camps de concentration et d’extermination. À cet égard, l’appropriation de la mémoire de « l’Autre » crée la polémique et soulève de nombreuses interrogations sur l’authenticité de leur discours historique. La mémoire a-t-elle un rôle à jouer dans l’écriture de l’Histoire ? Devant cet état de controverse, que crée l'introduction d'un évènement historique dans le texte littéraire, le lecteur se trouve contraint de céder aux instructions textuelles ; c’est le texte qui guide le processus de lecture pour le pousser à adhérer à sa position idéologique. Dans Mémorial (2005), Cécile Wajsbrot présente une version alternative de l’Histoire officielle par le biais de la présentation d’un personnage appartenant à la génération d’après la Shoah. Cette réécriture et relecture de l’Histoire nous oblige à recourir à une méthode capable de déceler le réseau de valeurs qui s’oppose à la norme historique. Pour ce faire, nous proposons dans le présent article de prendre pour support méthodologique des outils relevant de la théorie de l’effet-personnage de Vincent Jouve.      



[i] La post-mémoire ne fait cependant pas l’unanimité. Certains écrivains refusent cette appropriation de la mémoire de la Shoah : « Il convient dès lors de ne pas confondre cette mémoire [la mémoire en tant que faculté individuelle] avec l’acte de faire mémoire : l’acte par lequel un ensemble de personnes peuvent s’approprier un passé commun. Comme le rappelle Eva Hoffman : «We who came after do not have memories of the Holocaust. Even from my most intimate proximity. I could not from ‘memories’ of the Shoah or take my parent’s memories as my own ». […] Faire mémoire suppose ainsi l’acquisition et la transmission d’un ensemble de récits de génération en génération. » (Rota, 2009 : 169)

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